La Dinde Parapluie
Début mai 2018, un frais vendredi matin ensoleillé, aucun vent, température idéal pour l’ouverture de la chasse au dindon. J’ai la chance de pouvoir chasser directement à partir de chez moi, ce qui facilite les choses bien souvent, comme cette année là.
Comme mes enfants à cette époque sont plus jeunes, et que ma conjointe travaille, je dois m’occuper d’eux pour le départ pour l’école. Je ne peux donc pas être au poste aux premières lueurs.
La veille moi et mon beau-frère Rock, avons convenue qu’il irait à proximité du dortoir et que lorsque je serais prêt, j’irais me poster environ à 700 pieds de lui et que les appelants seraient entre nous deux. Donc, si jamais par hasard un barbu se présentait de l’autre coté je serais en mesure de l’intercepter pendant qu’il se rend vers les appelants. Ce n’est pas mon scénario idéal, mais compte tenue des circonstances, c’est le mieux qu’on peux tenter.
Donc vers 7h10 je texte Rock pour avoir des nouvelles. Il me répond « c’est mort ils sont pas ici » Hein ca fait plus de 15 jours qu’ils sont au même dortoir et pas ce matin, même si je les aient vue la veille en fin de journée ce diriger vers se secteur… Alors comme tout bon chasseur, ca vire dans la caboche pour comprendre lol
Tout en préparant le lunch des jeunes j’entends « glouglouglou » je me dis « je suis ben trop crinqué, j’entends des gobelins » quelques secondes plus tard « glouglouglou » Ha ben là je suis pas fou, je me retourne et j’aperçois un beau Tom, avec ses femelles à 350 pieds de mon patio… au milieu de nos chevaux… Impossible de tenter au travers des chevaux, ce serait royalement débile!
J’informe donc Rock du positionnement des dindons et je lui dit, qu’ils semblent vouloir contourner l’écurie pour aller traverser le chemin et se diriger vers la prairie en face. Normalement quand il font ce circuit, ils remontent vers le haut, traverse un petit boisé pour aller directement dans le secteur ou est Rock…
Il me répond qu’il va tenter de se rapprocher de ce coté du boisé. De mon coté, je m’empresse de terminer le lunch des jeunes, j’enfile mon habit camo, met mon ceinturon qui contient mes permis, appeaux, etc… Je prend mon fusil et j’attends l’autobus avec mes jeunes…
Quand à notre barbu, ils se dirige comme prévue vers le chemin pour aller de l’autre coté… Auront-ils le temps de traverser avant l’autobus, ou bien cette dernière va encore changer le plan de match!
Je vois l’autobus à l’autre bout qui s’en vient, et coup de chance, une femelle décide de traverser le chemin, ce que les autres du groupe ne tardent pas à faire, tout juste avant le passage de l’autobus…
Mais à la place de se diriger vers le haut de la prairie pour rejoindre la transition et déboucher dans la prairie ou était Rock le matin, ils décident d’aller vers le bas, vers le ruisseau… Malheur, je sais que lorsqu’ils font ce trajet, c’est pour aller dans un autre secteur pour quelques jours…
Ils sont complètements à découvert, aucune chance de les prendre à revers.
C’est alors qu’un souvenir d’une émission américaine refit surface, le gars avait monté une queue de Tom sur un parapluie afin de simuler un compétiteur et les approcher… ben beau tout ca mais j’ai pas une semaine en avant de moi… Je descends au sous-sol dans la pièce dédiée aux sports… Tout à coup, une illumination apparaît dans le sac de golf… un beau parapluie rouge et blanc… hiiicccchhhhh on est loin du réalisme parfait, mais si il y a une chose que j’ai apprise au fil des ans, c’est que nous, comme humain, un nos principaux atout est la vision, alors nous focalisons beaucoup sur ce détail… souvent trop… Ce qui compte le plus c’est l’intention, le comportement… Alors, j’ai quoi à perdre… GO ON L’FAIT!
Pendant ce temps, Rock voyait aussi ce qui ce tramait, je ne savait pas exactement ou il était mais ces nouvelles amies trahissaient sa position… il était en bordure d’un pâturage d’élevage et les vaches très curieuses se positionnaient tous près de lui en se demandant « mais c’est quoi ca? »
Comme quoi pas besoin de technologie pour comprendre ce qui se passe autour, juste à se connecter à la nature!
Bref je jette un coup d’oeil vers la prairie pour voir ou est rendu notre barbu et ses dames… ho, il est déjà passablement loin. Je tente donc une approche rapide et furtive (deux mots qui vont pas généralement ensemble!
Je descends dans le chemin, j’arrive sur un petit butons, Ils sont là, à environ 500 pieds… le grand jeux commence! Je recule de quelques pas, j’attends un peu pour me faire oublier, j’ouvre mon fameux parapluie rouge et blanc, je m’accroupie pour marcher en petit bonhomme et je me dirige dans la prairie en zizag, vers les femelles, comme pour m’interposer entre les femelles et notre barbu…
La technique consiste à ouvrir et fermer le parapluie tout comme le fais un Tom dans sa parade nuptiale. De son coté, Rock qui est en périphérie de la prairie, me regarde aller et se dit « mais qu’est-ce qui fait là le cave avec son parapluie » hahaha j’aurais payé chère pour être dans sa tête à ce moment là!
De mon coté, je réussis à approcher le barbu 3-4 fois à porté de tir… mais le temps de déposer le parapluie (à noter que ca fait environ 45 minutes que je marche accroupit en petit bonhomme… et que je n’ai plus 20 ans), prendre mon fusil, épauler, le dindon se désintéresse de moi et retourne vers ses dames…
Vous vous rappelez, c’est l’intention qui compte, alors comme je cesse toute interaction, mon barbu pense avoir réussis a intimider son compétiteur… Ce petit manège dur jusqu’à ce que le groupe arrive au coin de la prairie. Les femelles décident alors s’intéresser à un rare coin de verdure en ce début de printemps tardif…
c’est ma chance! Je m’approche de nouveau, j’ai les jambes en compote, j’ouvre et ferme le parapluie à plusieurs reprises… je suis à 27 verges, vérifié au télémètre, je dépose le parapluie, je prends mon fusil, je viens pour épauler… BOOM… Le Tom tombe sur place!
Mais c’est pas moi qui a tiré!!! Je vois Rock se lever dans l’ombre du dernier gros épinette au coin de la prairie, les bras en l’air, il avait réussis à ses faufiler furtivement le long de la clôture et se positionner pour un tir!
Ne vous inquiétez pas, il a attendu que le Tom passe au-delà de sa position pour s’assurer que je sois hors de danger. On se rejoint contempler ce magnifique Tom… tout en riant comme des fous du fameux parapluie…
Cette journée se termina autour d’un bon repas de dindon en se répétant en boucle la fameuse histoire du parapluie hahaha
Et rappelez vous, et ce, à n’importe quelle chasse… c’est l’intention qui compte!
François Blouin, l’home parapluie
Rock, le tireur furtif